Les producteurs de pommes de terre tirent la sonnette d’alarme
Si le dynamisme de la filière a été noté, l’Union nationale des producteurs de pommes de terre estime que des obstacles grandissants menacent la compétitivité des agriculteurs.
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Lors du dernier congrès de l’UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre) qui a eu lieu le mardi 16 janvier 2024 à Dunkerque, Geoffroy d’Evry, son président, a rappelé que la « filière, contrairement à beaucoup d’autres, conforte depuis quelques années son dynamisme ». Après une récolte catastrophique en 2022, la production de 2023 est ainsi revenue à la hauteur de la moyenne quinquennale, avec 44 t/ha, dans une dynamique de marché soutenue.
Toutefois, dans un communiqué du lundi 22 janvier les producteurs signalent qu’ils rejoignent le mouvement national de protestation des agriculteurs : « Face à des injonctions contradictoires qui entravent leurs moyens de production depuis des mois, les producteurs de pommes de terre tirent la sonnette d’alarme sur les obstacles grandissants menaçant leur compétitivité et, par extension, la dynamique de développement de la filière en France. »
Risques climatique et sanitaire
Concernant le risque climatique, le président de l’UNPT a rappelé qu’en 2022, année de sécheresse, le rendement a été le plus bas de ces vingt dernières années. En 2023, c’est un excès d’humidité qui a été observé de la plantation jusqu’à la récolte. « À ce jour, nous estimons que 1 500 ha de la production nationale demeurent encore dans les champs pour un préjudice évalué à 6 millions d’euros de perte nette pour les producteurs », précise l’UNPT.
L’accès à l’eau demeure pour les producteurs un défi crucial, en particulier sur les projets de stockage, alors que les régions telles que les Hauts-de-France (64 % de la production nationale) ont été confrontées récemment à des inondations catastrophiques.
« Le risque sanitaire qui pèse sur nos outils de protection des cultures est lui aussi un sujet majeur : si nous ne faisons pas preuve de fermeté et de courage, nous courrons à la catastrophe. “Oui” à la transition agricole, oui à une écologie de la raison mais “non” à une transition technocratique teintée de dogme qui finira par achever notre compétitivité déjà bien fragile », a stipulé l’union des producteurs. Et d’ajouter : « Identifier les molécules à risque et trouver des alternatives en mettant des moyens importants, “oui”, mais seulement et seulement si elle répond à plusieurs impératifs. En premier : le cadre européen et rien que le cadre européen : pas de surtransposition à la française ! En second : pas de suppression sans solution. »
Énergie et plants en question
Deux autres sujets de préoccupation ont été évoqués : celui de l’énergie et celui des plants :
- Sur le premier point, Geoffroy d’Evry a détaillé : « Nous devons dès à présent exiger du gouvernement de garantir une électricité abordable à travers une politique spécifique. Il en va de la viabilité économique de nos stockeurs qui consomment à eux seuls l’équivalent de l’électricité d’une ville comme Amiens, en une année ! »
- Sur le deuxième point, selon les producteurs, la situation concernant les plants devient explosive : « C’est un sujet d’inquiétude et d’angoisse légitime dans la plaine qui pourrait, à court et moyen terme, anéantir tous nos plans de développement. » L’UNPT est favorable à une augmentation du prix des plants si et seulement si cette hausse va intégralement aux producteurs. « Lorsque l’on voit le prix payé aux producteurs de plant et le prix que nous payons, il y a de quoi être interrogatif. Il va falloir plus de transparence sur ce sujet », a insisté l’union.
Au sujet des contrats de 2024-2025, le président de l’UNPT a souligné que la rémunération du producteur doit être confortée et améliorée que ce soit dans le frais, l’industrie ou la fécule. « Au-delà du simple calcul de nos coûts de production qui, de manière générale, ne baissent pas, un facteur devient prépondérant dans notre revenu, c’est le facteur risque », a constaté Geoffroy d’Evry.
Renouveau industriel
À quelques kilomètres du lieu ou se déroulait le congrès de l’UNPT, « le Grand Port de Dunkerque accueille la nouvelle usine Clarebout qui rentre en production. À la fin de l’année dernière, Ecofrost annonçait le début des travaux d’une nouvelle usine sur l’ancien site de Flodor à Péronne et, enfin, Agristo s’est engagé à reconvertir l’ancienne sucrerie Tereos d’Escaudoeuvres à l'horizon de 2027 », a rappelé Geoffroy d’Evry.
La condition pour que ce renouveau industriel aboutisse repose toutefois sur la capacité des producteurs à conquérir 40 000 ha supplémentaires pour alimenter ces sites. « À nous de créer toutes les conditions pour faire rentrer de manière harmonieuse la production nationale dans cette nouvelle ère. Cette reconnaissance a un prix, non seulement en termes de valeur mais également en termes de droit et devoir pour ces nouveaux acteurs », a estimé le président de l’UNPT.
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